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12 avril 2022

4 La cour de récréation et de jeux proche de la nature, une autre salle de classe ?

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4.7 Enseigner toutes les disciplines en plein air

L’enseignement à l’extérieur permet d’atteindre les objectifs du PER. Les cours de récréation et de jeux proches de la nature offrent de nombreuses possibilités dans ce sens. Le plaisir d’explorer, de questionner, de ressentir, de bouger accompagnera favorablement l’acquisition des apprentissages.

Plus l’extérieur sera riche et proche de la nature, plus il sera aisé de trouver des idées d’activités variées pour atteindre les objectifs fixés, qu’ils soient disciplinaires ou interdisciplinaires. C’est également l’occasion de mettre en avant la Formation générale ou d’observer la progression de certaines compétences et objectifs compris dans les Capacités transversales.

Être dehors, dans un environnement proche de la nature, c’est l’occasion de découvrir et d’étudier des phénomènes complexes, de voir les multiples liens entre les éléments et de pouvoir développer petit à petit une réflexion systémique. Il est donc tout indiqué de travailler de manière pluridisciplinaire ou interdisciplinaire dans ce contexte.

Par exemple, il est possible de partir d’un thème que l’on peut décliner en objectifs dans différentes disciplines. En partant du thème de l’eau, on pourra calculer la vitesse d’un ruisseau en mathématiques, étudier des poésies sur l’eau en langues ou réfléchir à notre utilisation de l’eau en la comparant à celle de nos grands-parents dans un cours de SHS.

En partant du thème des écureuils, on peut estimer le nombre de noisettes cachée par celui-ci, raconter ses aventures pour développer des compétences langagières ou encore mener une recherche sur l’aire de répartition des écureuils dans la région. 

Idées d'activités 

La recherche le montre, apprendre régulièrement au contact de la nature et à l’extérieur favorise les compétences langagières. La curiosité est stimulée et le vocabulaire s’enrichit au contact de cet environnement stimulant. Passer par des activités qui utilisent les sens permet également une meilleure mémorisation.

Dehors, les enfants pourront par exemple :

  • se mettre dans la peau d’un hérisson et raconter ou écrire sa vie dans la cour de l’école
  • chercher, dans les éléments construits ou de la nature, les lettres de l’alphabet
  • ramasser différents bâtons, les décrire précisément et demander à d’autres de les reconnaître.

Travailler en extérieur permet aussi de s’exercer à s’exprimer dans un espace plus grand que la salle de classe et d’imaginer des mises en scène appropriées.

Idées d'activités

Faire des mathématiques dehors c’est par exemple calculer le volume d’eau de la fontaine, estimer la hauteur des arbres, réfléchir à une méthode pour mesurer l’aire du terrain de foot, chercher les différentes symétries dans la nature ou encore s’inspirer de l’environnement proche pour inventer ensemble des problèmes mathématiques et les résoudre.

Rien de tel que d’observer et d’étudier les phénomènes naturels sur le terrain pour mieux les comprendre. Se questionner, poser des hypothèses et les vérifier à l’aide d’une démarche scientifique est motivant lorsqu’on travaille sur des situations d’apprentissage concrètes.

En sciences de la nature, on peut par exemple se questionner sur la faune qui se trouve dans la cour de récréation et les espaces de jeux proches de la nature. Quel animal y habite et quel est son mode de vie ? Comment fait-il pour passer l’hiver ? On peut observer le phénomène d’érosion des sols à différents endroits puis construire un modèle dans une bouteille.

« Le domaine Sciences humaines et sociales organise l'acquisition de connaissances, de concepts, d'outils et de compétences nécessaires à la compréhension du monde dans lequel on vit, pour s'y insérer et contribuer à son évolution dans une perspective de développement durable. » * Quoi de mieux que de commencer par explorer et interagir avec son environnement très proche, en sortant apprendre dans la cour d’école, avant d’élargir son champ d’exploration ?

Les enfants pourront se questionner sur l’âge des arbres présents dans le périmètre scolaire : comment était notre village/ville au moment de sa plantation ? Pourquoi est-ce que notre école a cette architecture ? Est-ce que toutes les écoles en Suisse et dans le monde se ressemblent ? Comment sera l’école de demain ?

En participant au processus de réaménagement de la cour d’école et en gardant cette habitude pour d’autres projets, les enfants peuvent apprendre à présenter et défendre leurs idées, à se familiariser avec le débat et le processus démocratique lorsqu’il faut faire des choix.

*Commentaire généraux du domaine sciences humaines et sociales, PER www.plandetudes.ch/web/guest/shs/cg

Idées d'activités

Avoir accès à un bout de nature stimule l’imagination et offre de nombreuses possibilités pour créer à partir de matériaux naturels ou s’inspirer des formes et processus naturels pour produire de nouvelles créations voir de vraies œuvres d’art ! Les enfants pourront par exemple faire un dessin en créant des couleurs avec des pigments naturels, construire une carte sonore des alentours de l’école et effectuer un enregistrement pour faire la bande son d’une histoire ou encore découper des formes symétriques dans des feuilles mortes et créer une structure pour les exposer dans la cour.

Instinctivement la cour de l’école et les places de jeux invitent aux mouvements. Courir en slalomant autour d’obstacles le long d’un parcours éphémère ou créer un chemin sensoriel pour marcher pied-nu, se tenir en équilibre sur un bout de bois, sauter à pieds joints par-dessus des pierres, avec un peu d’imagination, la cour devient un terrain où les élèves exercent leur coordination et leur endurance. Les enfants apprennent aussi à gérer la notion de risques et de limites, par exemple en s’exerçant à grimper sur des structures naturelles ou artificielles. S’approprier la cour hors du temps de pause permet d’avoir un espace libre suffisamment grand pour profiter de pratiquer des activités sportives et d’expression corporelle. Bouger permet aussi de se réchauffer et d’utiliser l’extérieur par tous les temps.  

Si un jardin scolaire ou quelques bacs pour cultiver des légumes font partie de l’aménagement extérieur de votre école, il est facile de faire des liens avec l’éducation nutritionnelle. Vous pouvez aussi vous intéresser aux plantes et fruits comestible dans l’enceinte de la cour (par exemple, faines de hêtre, cynorhodon, orties, fleures de suraux, châtaignes), les étudier, les récolter et les transformer en gourmandises de saison.  

Vous trouvez ci-dessous quelques pistes pour utiliser l’extérieur du bâtiment scolaire en mettant l’accent sur la formation générale :

  • MITIC: Imaginer ce qui se passe dans la cour d’école la nuit, enregistrer l’histoire et créer une bande son captée en extérieur. Présenter les nouveaux aménagements de la cour de récréation et l’apprentissage en extérieur dans un reportage filmé.
  • Santé et bien-être et vivre ensemble et exercice de la démocratie: Impliquer les enfants dans l’élaboration des règles à suivre dans les places de jeux et la cour de récréation, ouvrir une discussion sur les règles de sécurité et la notion de risque :  par exemple comment décider jusqu’à quelle hauteur les élèves peuvent grimper sur cette structure ou sur cet arbre ?
  • Interdépendances et EDD : Réfléchir ensemble aux actions à mettre en place pour favoriser la biodiversité dans la cour d’école et documenter leur efficacité au fil de l’année, si possible, continuer sur plusieurs années. Créer des balades dans la cour ou aux alentours avec des objectifs différents en fonction du programme et des saisons par exemple avec des objectifs en éducation en vue d’un développement durable (EDD).

A l’extérieur, les dynamiques de groupe ne sont pas les mêmes qu’à l’intérieur et les relations entre élèves et entre élèves et enseignant·e·s sont différentes et parfois enrichies. Durant les périodes dédiées au jeu libre, l’adulte pourra plus aisément observer la mobilisation des capacités transversales de ses élèves.

Les bienfaits d’un enseignement hors mur ne s’arrêtent pas à la fin de l’école primaire, l’apprentissage des élèves sera aussi enrichi par cette pratique au cycle 3 et même au-delà. Si vous voulez tester l’enseignement hors mur, vous pouvez par exemple pratiquer la méthode « Outdoor journeys » mise en place en Angleterre qui permet de déplacer une partie de l’enseignement à l’extérieur. Cette méthode en trois étapes permet aux enfants d’apprendre à connaître les personnes, l’environnement et les lieux dans lequel ils vivent tout en suivant le programme scolaire d’une manière active et contextualisée. Elle se pratique sur une ou deux leçons ou sur le plus long terme, autour de l’école ou plus loin. Elle suit trois étapes :

1) Questionnement :

Sortir dans la cour ou plus loin avec les élèves pour susciter des questions de nature socioculturelle, physique et environnementale autour de leur environnement proche. A l’aide de support papier ou numérique, prendre des notes et des photos des éléments sur lesquels porteront les recherches et noter les questions.

Par exemple, combien de pots de peinture seraient nécessaire pour repeindre la façade du bâtiment ? Pourquoi cet arbre garde-t-il ses aiguilles en hiver ? D’où viennent les matériaux qui ont servi à construire l’école et l’église du village ou du quartier ?

2) Recherche :

Un travail d’enquête et de recherche commence pour les élèves. Ils cherchent des réponses à leurs questions en utilisant diverses sources numériques, des livres, photographies ou documents historiques par exemple.  Ils peuvent organiser des interviews avec des experts locaux ou des habitant·e·s du quartier pour recueillir plus d’informations.

3) Partage :

Le résultat des recherches et les connaissances sont partagés par les élèves de manière créative sous forme d’affiches, de poésie, de chant ou de théâtre avec le reste de la classe, l’école dans son ensemble ou la communauté locale.

Par exemple, créer un podcast sur l’agriculture de proximité en partant de l’observation des tomates qui poussent dans un bac de la cour d’école, en interviewant un paysan de la commune, un distributeur de fruit et légumes et des consommateurs·trice·s.